Le Réseau d'Urbicande PAE Cités Obscures sept
95 |
Le Réseau d'Urbicande Présidente : Depuis quelque temps, un
mythe étrange, que la rumeur a baptisé Urbicande est
venu hanter notre monde, troublant les esprits,
s'immisçant dans toutes les conversations, semant
l'angoisse, la confusion, le désordre. Est-ce une
fièvre maligne, un cancer de l'intelligence ? Les
esprits faibles, les sans - éducation, les vieillards et
les enfants ne sont pas les seuls à être touchés. ( Eugène Robick apparaît : l'air un peu fou, très exalté ; est-il Robick ou qqu'un qui se prend pour Robick; et même s'il est le vrai R., ce qu'il va dire est-il vrai ou cela sort-il de son imagination maladive ? ) Présidente : M. Robick, pourquoi soutenez-vous que le Réseau existe ? Robick : Tout a commencé le 24 juin
2032. Klaus et Friedrich m'ont apporté une sorte de cube
qui, selon eux, avait brisé une lame d'extracteur, qui
est pourtant faite dans une matière d'une solidité à
toute épreuve. Cet objet n'avait pourtant rien de très
remarquable. C'était une simple structure cubique
totalement vide dont les arêtes ne devaient pas
dépasser 15 centimètres. Procurateur : Vous voudriez nous faire croire qu'un cube dont les arêtes ne dépassaient pas 15 cm a brisé une lame d'extracteur ? et a ensuite envahi votre monde ? Robick : Au début, je croyais que
c'était un ancien accessoire liturgique,mais le
lendemain... le cube avait grandi ! ... Le plus curieux,
c'est que l'objet s'est comme incrusté dans la table et
les livres sur lesquels je l'avais laissé le 24 . Tous
mes efforts pour l'enlever sont restés inutiles, je n'ai
réussi qu'à me blesser les mains. Procurateur : Est-il vrai
qu'entre-temps, le projet sur lequel vous travailliez
depuis très longtemps avait été mis en péril par le
refus des autorités de construire un pont auquel vous
teniez énormément ? Robick : Oui, mais ... Procurateur : Ne croyez-vous pas que vous vous êtes imaginé tout cela sous l'effet du dépit et de la colère face à ce refus ? Robick : Non, pauvre crétin ! ( se calmant ) Même Thomas a essayé de l'enlever, en vain . Présidente : Poursuivez . Robick : Après le départ de Thomas, je me suis replongé dans la contemplation du cube. Le plus remarquable était que le cube initial grandissait et qu'en même temps, d'autres cubes venaient se greffer sur le premier. J'ai essayé d'étudier l'évolution de ce phénomène. Mais fatigué, je me suis endormi. A mon réveil, le 26 juin, j'ai d'abord cru à une hallucination tant le réseau de cubes s'était développé autour de moi. Il occupait presque toute la pièce, m'emprisonnant dans l'échafaudage qu'il venait de former. Et l'un des montants me traversait le bras. Il m'était impossible de bouger. Curieusement, il ne me causait aucune douleur. Mais je sentais que si j'essayais de me déplacer, je me blesserais gravement. Procurateur : Vous voudriez nous faire croire qu'un montant vous traversait le bras et que vous vous en êtes sorti sans aucune blessure ? Je pense que cet homme est en train de délirer . Robick : Pauvre ignorant ! Il m'a fallu prendre mon mal en patience et attendre plus de 3 heures que le développement du réseau me permette de dégager mon bras. Présidente : Mais avez-vous réussi à établir une formule de cette évolution ? Robick : Oui et la voici : ( La formule est projetée sur l'écran ) Quelqu'un dans la salle ( = l'intervenant ) : Vous n'êtes qu'un fou. Cette formule est de la plus haute fantaisie. Votre place est dans un asile ! Robick : Je ne suis pas plus fou que vous ! Cette formule m'a permis de suivre heure par heure l'évolution du phénomène. Au stade U3 il n'y avait que 63 cubes; en U5, il y en avait déjà 231; en U8, 831, en U10, 1561 ... Procurateur : Et on pourra faire un élevage de cubes ! Ah! Ah! Ah! Robick : Riez tant que vous le pouvez encore. Nos terres ont déjà été envahies et les vôtres ne tarderont pas à l'être. Intervenant : Arrêtez ces balivernes. Ce Réseau n'existe que dans votre imagination . Robick : Vous avez dit Réseau. Je n'ai jamais prononcé ce mot. Cela prouve bien que le Réseau est en train d'envahir notre planète ! Intervenant : Vous divaguez complètement ! Robick : Moi, divaguer ! ( voix d'hypnotiseur ? )Regardez autour de vous : ne voyez-vous pas les ombres du Réseau vous cerner peu à peu ? Intervenant ( d'une voix tremblante ) : Vous voulez seulement me faire peur . Robick : A quoi cela me servirait-il ? Intervenant ( avec une voix d'enfant ) : Je ...je ne sais pas , moi ... Robick : Vous n'êtes toujours pas convaincu (e) ? Vous vous souvenez d'une mode vestimentaire assez particulière , la mode du réseau ? Intervenant : La mode du réseau ? Robick : Oui, celle que vous appeliez ici mode à carreaux ... Mais ... il me semble vous reconnaître; n'êtes- vous pas une envoyée du Réseau ? Intervenant : Moi ? Non, non. Absolument pas ! Robick : Mais si ! Je vous reconnais. Vous faites partie du Réseau ! ! Regardez sa chemise ! ( L'intervenante porte effectivement une chemise à carreaux. Affolée, elle l'enlève et s'enfuit ) Robick (au public ) : Je fais
appel à vous dans la salle. Je suis sûr que certains
d'entre vous sont des membres du Réseau. n'ayez pas peur
comme cette mauviette. Nous pouvons nous entendre.
Aidez-moi à faire vivre ce Réseau. |