LE BOULIER CHINOIS
Applications pédagogiques : En école primaire
Le boulier fait appel à des gymnastiques complexes de l'esprit et les enfants qui
étudient et pratiquent le boulier régulièrement excellent en calcul mental.
une expérience dans une classe de CP-CE1 à la Réunion
(mars 96)
Cette expérience a eu lieu à l'école Albert Camus, Bellevue, St Louis, dans une
classe de CP-CE1 à majorité de CP (22 élèves dont 14 CP, 8 CE1).
L'institutrice, Mademoiselle Mandjaye, a bien voulu m'accueillir dans sa classe pour
illustrer le thème des applications pédagogiques du boulier dans le primaire. Nous
avons donc préparé une séance autour de l'apprentissage de la numération, qui devait
déboucher sur quelques additions.
La séance s'est déroulée de 13h à 14h25. C'est beaucoup trop long mais l'enthousiasme
des élèves vis à vis de cet objet ludique et nouveau nous a poussées à l'exploiter un
peu trop longtemps.
- Premier quart d'heure : présentations, objet de la séance, inscription du
titre « Le Boulier Chinois » au tableau, distribution d'un boulier par élève, auto
initiation musicale.
- Second quart d'heure : après l'initiation musicale, nous avons commencé la
lecture et l'inscription de nombres dont les chiffres étaient d'abord tous plus
petits que 5, puis de nombres quelconques (inférieurs à 100).
Représentation symbolique d'un nombre sur un boulier dessiné au tableau, les enfants
inscrivaient alors le nombre lu sur leurs chutes de lino retournées qui leur
servaient d'ardoise (j'ai trouvé cet outil de travail très pratique, il fallait y
penser !).
- Troisième quart d'heure : jeu à deux pour s'approprier cette lecture-écriture
sur boulier.
- Quatrième quart d'heure : sur la notion délicate de quinaire, là, je dois
l'avouer, la pilule ne passait pas et malgré des explications acharnées, ça ne
passait toujours pas avec certains élèves (une minorité heureusement).
- Le reste de la séance a été consacré à des additions de petits nombres, sans
retenue. L'avantage du boulier nous a permis de leur demander d'ajouter 431 et 2
alors que les CP ne savaient pas encore lire ce nombre. Aurélie (CP) a posé
l'addition au tableau, après l'avoir faite sur le boulier, sans savoir lire 431 (voir
article du journal Le Monde du 26/11/87 : « Avec le boulier, un enfant est capable de
raisonner sur un nombre qu'il ne sait pas désigner »).
De 14h25 jusqu'à 15h : activités libres, les élèves ont pris plaisir à manipuler
les boules, faire entendre le click-clack du boulier en le prenant à pleines mains. Ils
s'en servaient comme d'un instrument de musique. J'étais installée dans un petit coin
pour prendre des notes. Les enfants prenaient plaisir à m'apporter leur boulier sur
lequel ils avaient inscrit un nombre de leur choix, pour que je vérifie. Mais c'était
une tâche délicate de traverser la salle en tenant la boulier bien à plat pour que le
chiffre inscrit ne disparaisse pas avant d'arriver jusqu'à moi !
une expérience en région parisienne (Grigny -
Essonne)
(relatée dans le journal Le Monde du jeudi 26 novembre 1987)
Des enfants de plusieurs classes de cette école ont appris à compter sur un soroban
géant, spécialement conçu pour être utilisé dans le plan vertical du tableau.
Un instituteur de l'école (Bernard Boudsocq) constate :
- Le boulier a des vertus apaisantes et favorise chez les élèves une certaine
qualité d'écoute (en effet, au moindre geste brusque, au plus léger déplacement du
bureau, les boules glissent et le résultat « disparaît »).
- Le soroban est un instrument simple, peu coûteux, fortement structuré et
structurant, motivant les enfants.
- Au CP, où le boulier occupe deux séances d'un quart d'heure par semaine, les
enfants sont très rapidement capables d'inscrire n'importe quel nombre.
- Le soroban est particulièrement efficace avec les enfants en difficulté qui
font ainsi « du calcul sans le savoir ».
- Des enfants du CM2 effectuent en fermant les yeux une série d'additions et de
soustractions simples dictées par leur maître, qui leur demande d'imaginer le
déplacement des boules sur le soroban.
- Toute opération débute par les chiffres de gauche (centaines, milliers...) et
non par les unités comme nous en avons l'habitude. Le résultat est donc connu
immédiatement dans son ordre de grandeur et le risque d'erreur grossière (mille au
lieu de cent) est minimisé.